Soyez à vous-même votre propre flambeau, votre propre refuge
Le bouddhisme est, pour certains une religion, pour d'autres une philosophie fondée au VI° siècle avant notre ère par Bouddha Shakyamuni, "le Sage du clan des Shakya". De son vrai nom Siddhartha Gautama, le fils du roi Suddhodana et de la reine Maha Maya est né en 563 av. J.-C. à Lumbini dans le nord de l'Inde (Népal actuel). Après son illumination, Bouddha prône un mode de vie non violent, respectueux de tous les êtres et dans lequel la voie du salut réside essentiellement dans la méditation. Le bouddhisme se répand à la suite de la conversion du grand empereur indien Asoka (III° siècle avant notre ère). Sa doctrine s'appuie sur la croyance que tous les êtres vivants sont inscrits dans un cycle infini de renaissances (ou samsara) déterminées par les actions accomplies dans leurs existences antérieures. Pour se délivrer de la souffrance inhérente à ces renaissances, le bouddhisme propose un chemin qui conduit d'abord à la boddhi, puis, in fine, à l'état de nirvana et de parinirvana.

Bouddha Jinarat, bronze doré, XVI° siècle, Temple de marbre, Bangkok

La doctrine de Bouddha tient en Quatre Nobles Vérités:

1- DUKKA : Tout est souffrance. Cette douleur est étroitement liée à l'impermanence du "moi" qui n'est qu'une illusion.

2- SAMUDAYA : L'origine de la souffrance est le désir.

3- NIRVANA : On obtient la cessation de dukka par anéantissement du désir. Il faut pour cela briser la chaîne des conditionnements qui aboutissent à la formation de la fausse idée d'un "soi".

4- MARGA: c'est l'OCTUPLE VOIE, LE NOBLE CHEMIN qui mène au nirvana par la pratique de "la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'attention juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'action juste, la concentration juste." Elle s'établit sur trois postulats: l'inexistence de Dieu, l'inexistence de soi, l'impermanence de toutes choses et se réfère au Triple joyau" (trisharana), c'est à dire Bouddha, la Doctrine (Dharma) et l'Ordre des Moines (Sangha). Les laïcs doivent respecter cinq préceptes ( ne pas tuer, ne pas voler, ne pas avoir de relations sexuelles illégitimes,ne pas mentir,ne pas boire d'alcool) et mener une vie de bienveillance universelle et de non-violence.

ICONOGRAPHIE:

La tradition retient 32 marques physiques du Bouddha parmi lesquelles le teint d'or, la touffe de poils entre les sourcils (urna), la protubérance crânienne (ushnisha ), la coiffure de boucles plates s'enroulant vers la droite, la roue de la Loi sur la paume des mains et la plante des pieds, de longs bras... Après une période aniconique initiale, Bouddha est souvent représenté sur un trône de lotus, symbole de la naissance et de l'existence transcendante, l'épaule dénudée. A partir du XI° siècle, on trouve des représentations de Bouddha paré de bijoux.

Le bouddhisme fut adopté par tous les pays d'Asie du Sud-Est sous ses formes les plus diverses et s'est scindé en deux grandes branches :

1. Le bouddhismeTheravada ou Bouddhisme du Petit Véhicule, "l'Opinion des Anciens" ou bouddhisme originel, considéré par ses adeptes comme le seul orthodoxe et dont le canon est écrit en pali. Le Theravada ne reconnaît pas de divinité suprême et considère simplement Bouddha comme le maître qui a montré la Voie vers la libération du samsara et la suppression de la douleur. Le Theravada réserve l'accès de la boddhi et du nirvana aux seuls religieux, les laïcs devant acquérir suffisamment de mérites dans leurs vies successives avant d'espérer échapper au samsara (cycle "infernal" des réincarnations). Seule branche du Hinayana ayant survécu, le Theravada se confond pratiquement avec lui. Le Theravada est encore appelé "bouddhisme du Sud", car il subsiste en Inde du Sud, au Sri Lanka (Ceylan), en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge. Cette école, pour laquelle la recherche de la voie de l'Éveil est une démarche individuelle, est la plus fidèle à l'enseignement du Bouddha historique.

2. Le bouddhisme Mahayana ou Bouddhisme du Grand Véhicule, le "Grand Moyen (de progression vers la voie de l'Éveil)" est une forme évoluée du bouddhisme mettant l'accent sur la compassion et se fondant sur l'idéal du bodhisattva (être qui se consacre à guider tous les autres êtres vers la délivrance finale) par opposition à celui de l'arhat (être totalement libéré des liens du karma) propre au bouddhisme dit Hinayana, le Petit Véhicule. Cette conception du bouddhisme cherche à sublimer le Bouddha humain de l'ancienne école en lui donnant un caractère divin. Le Mahayana implique donc que l'Éveil est accessible aux laïcs, et non aux seuls moines, car la "nature de Bouddha" (la boddhéïté) est commune à tous. Apparu en Inde au I° siècle av. J.-C., et répandu depuis en Chine, au Tibet, en Mongolie, en Corée et au Japon, il est appelé "bouddhisme du Nord". Cette voie, dans laquelle se multiplient Bouddha et des divinités, est en fait, sensiblement plus proche des conceptions et des rituels de l'hindouisme. C'est essentiellement sous cette forme que le bouddhisme est connu des Occidentaux.

3. Le bouddhisme Vajrayana ou "Voie du Vajra" , "Véhicule de Diamant", issu du Mahayana, dit aussi bouddhisme tantrique dans lequel des pratiques religieuses quasi-magiques permettent d'obtenir la délivrance en une seule existence. Au VIII° siècle, cette voie du bouddhisme fut introduite au Tibet par le maître indien Padmasambhava. Le Vajrayana est également appelé bouddhisme tibétain ou lamaïsme en Occident. Il reprend les fondements de l'enseignement du Bouddha tout en faisant appel à d'innombrables méthodes de développement spirituel pour parvenir à l'Éveil. L'esprit, la parole et le corps sont sollicités : l'esprit par les procédés de visualisation, la parole par les mantra (formules magiques ésotériques dont la récitation mécanique doit faciliter l'accès à la connaissance) et le corps par la pratique d'exercices physiques comme le yoga. Le bouddhisme tantrique se fonde sur une série de textes appelés tantra, textes ésotériques composés de traités de métaphysique et de manuels de techniques ascétiques. Ces textes initiatiques sont transmis de maître à disciple, ce qui explique le rôle déterminant joué par le maître (lama) en tant que guide spirituel. Le bouddhisme tantrique déroute le néophyte par son panthéon de divinités aux formes souvent terrifiantes et son symbolisme sexuel. (voir Divinités du Tantrisme)

Le Bouddhisme tibétain

Les principales écoles du bouddhisme tibétain sont :

A.Les NYINGMA-PA, les Anciens ou Bonnets Rouges. Cette école vénère tout particulièrement Padmasambhava qui vécut dans la deuxième moitié du VIII° siècle et qui est considéré comme un boddhisattva incarné. Il va donner une place importante aux rituels magiques de l'ancienne religion du Tibet : (Bön) et introduire le culte des Dakini et des divinités du Bardo. Les "Anciens" sont des experts en textes tantriques qui vénèrent Samantabhadra comme Bouddha primordial. Dans leur panthéon particulier trouvent place Vajrapani, Hayagriva et Mahakala... Issue de la première vague d'expansion du bouddhisme, cette école va reprendre de la vigueur au IX° siècle, face à ce qu'on appellera la "deuxième prédication du bouddhisme", qui voit l'apparition d'ordres monastiques nouveaux influencés par les écoles venues de l'Inde.

B. Les KAGDAM-PA, Ceux des Enseignements Oraux, reconnaissent l'enseignement d'Atisha, maître indien venu prêcher au Tibet au XI° siècle qui préconise le retour à l'enseignement originel du Bouddha et à la stricte observance monastique, s'élevant en cela contre les pratiques de Padmasambhava. Il fonde le monastère Tabo au Spiti. Les Kagdam-pa vénèrent Vajrasattva comme l'adi-bouddha, adoptent le système philosophico-rituel du Kalachakra. Cette secte va perdre de son influence à partir du XIV° siècle et rejoindra les Gelug-pa au XV° siècle.

C. Les KAGYUG-PA, Ceux de la transmission orale. Ils sont les héritiers des Mahasiddha (Sages indiens), et attachent beaucoup d'importance aux cycles philosophiques ésotériques des divinités tutélaires. L'enseignement qui remonte à Vajradhara lui-même est tranmis par l'intermédiaire de Dakini, de Naropa à Marpa puis à Milarepa ascète et poète mystique. Par la suite, les élèves de Milarepa, en particulier Gampo-pa , fondèrent des gompa (monastères), et de nouveaux courants prirent naissance dont les Karma-pa, les Drigung-pa et les Brug-pa. L'ensemble de ces écoles constitue l'ordre Kagyug-pa malgré les luttes intestines. L'iconographie est classique chez les Kagyug-pa. On reconnaît les Karma-pa à leur coiffe noire, ornée sur le devant du foudre-diamant croisé (le visnavajra) et de deux fleurs de lotus. Les Brug-pa se caractérisent par une très large coiffe.

D. Les SAKYA-PA, Ceux du monastère de Sakya. Fondé par Brogmi, qui eut lui-même pour maître Atisha. Comme les Kagyug-pa, ils accordent une grande importance à la transmission de maître à disciple, et revendiquent la filiation par Birvapa de la déité Vajravarahi elle-même. Les Saskya-pa seront de grands protecteurs des arts et joueront un rôle très important au XVI° siècle.

E. Les GELUG-PA, les Vertueux ou Bonnets Jaunes. L'école des Kadam-pa est réformée par Tsong-Khapa (1357-1419) au XV° siècle qui, comme Atisha, exige plus de sobriété dans les pratiques et des règles morales strictes, d'où le nom de "Vertueux". Elle reconnait Vajrasattva comme Bouddha primordial. Tsong Kapa et ses disciples fondent trois grands monastères : Gandan, Drepung et Sera. Le titre de dalaï-lama "Océan de Sagesse" est conféré à Sonam Gyatso, successeur de Tsong Kapa, par le chef mongol. Le plus connu sera le Cinquième Dalaï-lama qui réalise l'unité du Tibet et établit une véritable théocratie tibétaine avec l'appui des chefs mongols. Il fait construire le Potala, impose la reconnaissance des tulku. Grâce à son action, les Bonnets Jaunes prennent la suprématie sur les autres institutions monastiques.

Ordre des Gelug-Pa ou Bonnets Jaunes
A PROPOSE DU BOUDDHIME
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