Inde

Représentations iconiques de Bouddha

C'est à l'époque Maurya, (321 à 185 av. J.-C. que Bouddha commence à apparaître sous une forme anthropomorphique fortement iranisée.

La tradition retient 32 marques physiques parmi lesquelles le teint d'or, la touffe de poils entre les sourcils (urna), la protubérance crânienne (ushnisha ), la coiffure de boucles plates s'enroulant vers la droite (sens solaire qui se retrouve dans la svastika), la Roue de la Loi sur la paume des mains et la plante des pieds, de longs bras, les doigts palmés ...

Après une période aniconique, Bouddha est souvent représenté sur un trône de lotus, symbole de la naissance et de l'existence transcendante, l'épaule dénudée. A partir du VI° siècle, on trouve des représentations de Bouddha paré de bijoux.

Chapiteau d'Ashoka

La chute de Persépolis en 330 (fin des conquètes et mort d'Alexandre) entraîna l'exil d'artistes et artisans perses vers la Sogdiane et la Bactriane où il entrèrent en contact avec le bouddhisme. Sous la dynastie maurya, l'art se met au service du pouvoir, c'est un art de noblesse, avec transposition de la stylistique iranienne, plus exactement perse achéménide. Cet art hiératique a pour caractéristique le poli des oeuvres, l'utilisation décorative de la corolle de lotus renversée, des animaux, des motifs à palmettes et volutes stylisées, roue ornementale.

Dans le chapiteau d'Ashoka, l'influence iranienne se traduit par l'utilisation de l'art animalier et par le poli de la pierre. Les lions symbolisent la force de la loi de Bouddha.

Musée de Sarnath, III° siècle av. J.-C.

Bouddha du Gandhara

L'art gréco-bouddhique du Gandhara (I° siècle) est un art complexe car divers courants y ont conflué : apport des Parthes grécisés, influence gréco-romaine (dans la toge ou khiton) et idéologie indienne (pose yoga, visage méditatif). Cette statuaire représente pour la première fois Bouddha Shakyamuni, après une longue période aniconographique. Avec cette représentation apparaît toute une palette hagiographique.

Les événements de la vie de Bouddha ne sont plus représentés de façon allusive mais au travers de diverses asana et mudra.

En même temps se fixent plusieurs traits physiques: l'urna, l'ushnisha (sous la forme d'un chignon à l'occidentale), les lobes d'oreilles allongés, les trois plis du cou, la coiffure plissée.

Musée de Delhi

Bouddha Gandhara

Visage du Bouddha Gandharien

III° siècle ap. J.-C.

Noter l'influence gréco-romaine (visage européen, cheveux légèrement ondulés, profil "grec") mêlé aux canons du bouddhisme (yeux mi-clos, lobes des oreilles allongés, urna sur le front et protubérance crânienne - ou ushnisha- encore sous forme de chignon)

(Victoria & Albert Museum)

Bouddha Kushana en stanaka

L'art kushana est localisé sur deux aires, l'une autour de Mathura, près d'Agra, l'autre dans le Gandhara au nord-ouest où l'influence grecque par le biais des conquètes d'Alexandre est plus sensible.

Le Bouddha Kushana suit les prescriptions iconographiques du Gandhara sans en adopter la coiffure ondulée. Progressivement, les fossettes et les lèvres charnues disparaissent, les lèvres s'étirent et donnent l'impression d'être plus fines, le sourire devient plus pensif, les yeux se ferment peu à peu, l'oeil ouvert prend la forme d'un pétale de lotus, la ligne épaisse des soucils s'affine, les boucles de la coiffure apparaissent, le corps devient juvénile, la nudité asexuée transparait sous l'etoffe aux plis marqués ainsi qu'un ruban autour de la taille, la robustesse (largeur des épaules héritée du Kouros grec) fait progressivement place à l'harmonie spirituelle.

Bouddha Kushana

Dans l'esthétique kushana, Bouddha apparaît avec des lèvres charnues. Les volumes sont géométrisés et solides. Le vêtement est lourd devoilant peu le corps.

Musée de Mathura

Tête de Bouddha Gupta

La statuaire gupta met l'accent sur une attitude plus spirituelle qui s'éloigne de l'idéal hellénistique de la représentation humanisée des périodes précédentes. Par son abstraction et son détachement, elle suggére la foi plus que la personne physique de Bouddha

Les traits sont indianisés et sereins, la face est pleine, le lobe des oreilles allongé, distendu par le port des bijoux que Bouddha a porté durant son enfance princière. Le sourire est doux et pensif, intérieur. La ligne des sourcils est très fine. Les cheveux ne sont plus ondulés mais formés d'une infinité de petites boucles en escargot tournant dans le sens solaire. Le chignon est devenu ushnisha.

(Musée de Mathura)

Comparaison du Bouddha Gandhara et du Bouddha Gupta

Bouddha Gupta IV°-VI° siècles

Bouddha est représenté debout les pieds légèrement écartés, dans une posture frontale, la main en abhaya mudra. Il a le corps d'un jeune homme dévoilé par la fine tunique à effet mouillé-plissé à Mathura (grès rose), non plissé à Sarnath (grès verdâtre).

La robe couvre toujours les deux épaules et ne cèdera que plus tard le pas à la robe de moine découvrant une épaule.

Derrière la tête, le décor délicat du nimbe rappelle les motifs analogues employés aux médaillons lotiformes d'Amaravati.

(Musée de Sarnath)

Buddha Gupta

La robe couvre les deux épaules mais révèle totalement le corps sans effet de plissé. La pose hiératique inclut les trois plis sur le cou et la position du lotus.

(Musée de Sarnath)

Grand Bouddha couché

Polonnaruwa, Ceylan

Le grand Bouddha couché de Polonnaruwa à Ceylan, taillé à même le roc, mesure 15 mètres de long. Parvenu au nirvana, il est étendu sur le flanc droit, la tête reposant sur la main droite, que soutient un oreiller. Le bras gauche reposé sur la hanche épouse la forme sinueuse du corps. Le visage rond, empreint d'un calme divin, suggère le sommeil plutôt que la mort.

Bouddha ascète (Musée de Lahore)

II°-III° siècle, période kushana, schiste

Le thème du Bouddha émacié

Bouddha ascète

Une autre version du visage émacié de Bouddha

Les yeux enfoncés, les joues creuses, les veines du front concourent à exprimer un masque tragique renforcé par le choix d'une pierre verdâtre.

Plusieurs siècles plus tard, l'image de Bouddha se hiératise.

Cette icone actuelle, produite par une imprimerie populaire de Bombay, rassemble, non sans une certaine naïveté, la plupart des symboles généralement associés à Bouddha.

la robe safran
le nimbe
l'ushnisha
le bol à aumones
la mudra en abhaya

Derrière lui :

l'arbre de la boddhi
l'Himalaya
le stupa de Sanchi
les daims du parc de Sarnath
les couples d'aminaux

Influence hellénistique : Padma Bouddha protégé par Herakles

Représentations iconiques de Bouddha
Retour C'est à l'époque Maurya, (321 à 185 av. J.-C. que Bouddha commence à apparaître sous une forme anthropomorphique fortement iranisée. La tradition retient 32 marques physiques parmi lesquelles le teint d'or, la touffe de poils entre les sourcils (urna), la protubérance crânienne (ushnisha ), la coiffure de boucles plates s'enroulant vers la droite (sens solaire qui se retrouve dans la svastika), la Roue de la Loi sur la paume des mains et la plante des pieds, de longs bras, les doigts palmés ... Après une période aniconique, Bouddha est souvent représenté sur un trône de lotus, symbole de la naissance et de l'existence transcendante, l'épaule dénudée. A partir du VI° siècle, on trouve des représentations de Bouddha paré de bijoux.
	Chapiteau d'Ashoka La chute de Persépolis en 330 (fin des conquètes et mort d'Alexandre) entraîna l'exil d'artistes et artisans perses vers la Sogdiane et la Bactriane où il entrèrent en contact avec le bouddhisme. Sous la dynastie maurya, l'art se met au service du pouvoir, c'est un art de noblesse, avec transposition de la stylistique iranienne, plus exactement perse achéménide. Cet art hiératique a pour caractéristique le poli des oeuvres, l'utilisation décorative de la corolle de lotus renversée, des animaux, des motifs à palmettes et volutes stylisées, roue ornementale. Dans le chapiteau d'Ashoka, l'influence iranienne se traduit par l'utilisation de l'art animalier et par le poli de la pierre. Les lions symbolisent la force de la loi de Bouddha. Musée de Sarnath, III° siècle av. J.-C.
Bouddha du Gandhara L'art gréco-bouddhique du Gandhara (I° siècle) est un art complexe car divers courants y ont conflué : apport des Parthes grécisés, influence gréco-romaine (dans la toge ou khiton) et idéologie indienne (pose yoga, visage méditatif). Cette statuaire représente pour la première fois Bouddha Shakyamuni, après une longue période aniconographique. Avec cette représentation apparaît toute une palette hagiographique. Les événements de la vie de Bouddha ne sont plus représentés de façon allusive mais au travers de diverses asana et mudra. En même temps se fixent plusieurs traits physiques: l'urna, l'ushnisha (sous la forme d'un chignon à l'occidentale), les lobes d'oreilles allongés, les trois plis du cou, la coiffure plissée. Musée de Delhi
	Visage du Bouddha Gandharien III° siècle ap. J.-C. Noter l'influence gréco-romaine (visage européen, cheveux légèrement ondulés, profil "grec") mêlé aux canons du bouddhisme (yeux mi-clos, lobes des oreilles allongés, urna sur le front et protubérance crânienne - ou ushnisha- encore sous forme de chignon) (Victoria & Albert Museum)
	Bouddha Kushana en stanaka L'art kushana est localisé sur deux aires, l'une autour de Mathura, près d'Agra, l'autre dans le Gandhara au nord-ouest où l'influence grecque par le biais des conquètes d'Alexandre est plus sensible. Le Bouddha Kushana suit les prescriptions iconographiques du Gandhara sans en adopter la coiffure ondulée. Progressivement, les fossettes et les lèvres charnues disparaissent, les lèvres s'étirent et donnent l'impression d'être plus fines, le sourire devient plus pensif, les yeux se ferment peu à peu, l'oeil ouvert prend la forme d'un pétale de lotus, la ligne épaisse des soucils s'affine, les boucles de la coiffure apparaissent, le corps devient juvénile, la nudité asexuée transparait sous l'etoffe aux plis marqués ainsi qu'un ruban autour de la taille, la robustesse (largeur des épaules héritée du Kouros grec) fait progressivement place à l'harmonie spirituelle.
Bouddha Kushana Dans l'esthétique kushana, Bouddha apparaît avec des lèvres charnues. Les volumes sont géométrisés et solides. Le vêtement est lourd devoilant peu le corps. Musée de Mathura
	Tête de Bouddha Gupta La statuaire gupta met l'accent sur une attitude plus spirituelle qui s'éloigne de l'idéal hellénistique de la représentation humanisée des périodes précédentes. Par son abstraction et son détachement, elle suggére la foi plus que la personne physique de Bouddha Les traits sont indianisés et sereins, la face est pleine, le lobe des oreilles allongé, distendu par le port des bijoux que Bouddha a porté durant son enfance princière. Le sourire est doux et pensif, intérieur. La ligne des sourcils est très fine. Les cheveux ne sont plus ondulés mais formés d'une infinité de petites boucles en escargot tournant dans le sens solaire. Le chignon est devenu ushnisha. (Musée de Mathura) Comparaison du Bouddha Gandhara et du Bouddha Gupta
Bouddha Gupta IV°-VI° siècles Bouddha est représenté debout les pieds légèrement écartés, dans une posture frontale, la main en abhaya mudra. Il a le corps d'un jeune homme dévoilé par la fine tunique à effet mouillé-plissé à Mathura (grès rose), non plissé à Sarnath (grès verdâtre). La robe couvre toujours les deux épaules et ne cèdera que plus tard le pas à la robe de moine découvrant une épaule. Derrière la tête, le décor délicat du nimbe rappelle les motifs analogues employés aux médaillons lotiformes d'Amaravati. (Musée de Sarnath)
	Buddha Gupta La robe couvre les deux épaules mais révèle totalement le corps sans effet de plissé. La pose hiératique inclut les trois plis sur le cou et la position du lotus. (Musée de Sarnath)
Grand Bouddha couché Polonnaruwa, Ceylan Le grand Bouddha couché de Polonnaruwa à Ceylan, taillé à même le roc, mesure 15 mètres de long. Parvenu au nirvana, il est étendu sur le flanc droit, la tête reposant sur la main droite, que soutient un oreiller. Le bras gauche reposé sur la hanche épouse la forme sinueuse du corps. Le visage rond, empreint d'un calme divin, suggère le sommeil plutôt que la mort.
	Bouddha ascète (Musée de Lahore) II°-III° siècle, période kushana, schiste Le thème du Bouddha émacié
Bouddha ascète Une autre version du visage émacié de Bouddha Les yeux enfoncés, les joues creuses, les veines du front concourent à exprimer un masque tragique renforcé par le choix d'une pierre verdâtre.
	Plusieurs siècles plus tard, l'image de Bouddha se hiératise. Cette icone actuelle, produite par une imprimerie populaire de Bombay, rassemble, non sans une certaine naïveté, la plupart des symboles généralement associés à Bouddha. la robe safran le nimbe l'ushnisha le bol à aumones la mudra en abhaya Derrière lui : l'arbre de la boddhi l'Himalaya le stupa de Sanchi les daims du parc de Sarnath les couples d'aminaux
Influence hellénistique : Padma Bouddha protégé par Herakles