Ce qu'est le bouddhisme, ce qu'il n'est pas...

 

Le bouddhisme est bien une religion et non une philosophie !

Contrairement à une opinion largement répandue, le bouddhisme n'est pas une simple philosophie de la vie et il s'agit bien d'une religion à part entière si même certains de ses représentants ne manquent pas d'encourager (ou de s'abstenir de démentir) le genre d'idée fausse consistant à affirmer que le bouddhisme n'est pas une religion.
Le bouddhisme n'est pas une religion car il ne s'agit pas d'une foi dans un principe transcendant et créateur. Ce n'est pourtant pas non plus une philosophie si l'on entend pas là une théorie "à propos" des choses. En fait le bouddhisme est une "pratique" qui, par l'étude expérimentale de l'esprit, se propose de nous amener au bonheur en nous libérant de nos conditionnements.
Soyons clair ! Ceci est faux ! Si, dans le cas présent, on exclut l'hypothèse d'une philosophie, on retrouve souvent cette même définition articulée sur deux termes seulement. Il n'est pas impossible que la troisième possibilité dont il est fait état ci-dessus ait été élaborée sous l'influence d'une première version du présent texte...
N'empêche que l'hypothèse excluant qu'il s'agisse d'une religion est fausse car ladite exclusion repose sur une définition non pas universelle de la religion, mais locale, à savoir la définition propre aux religions monothéistes. En réalité, cette définition résulte d'une exception car au regard de l'histoire, les traditions à forme monothéistes peuvent être regardées comme minoritaires. Il n'y a donc pas lieu de prendre appui sur une telle définition puisqu'elle s'avère trop limitée dans le temps et l'espace.
Les bouddhistes qui professent que leur religion est une philosophie (ou une pratique, et la philosophie en est une à sa manière de sorte qu'il s'agit de reculer pour mieux sauter...) n'ont eu recours à une définition non universelle du phénomène religieux que dans la mesure où il s'agit pour eux de se distinguer du monothéisme. Ce dernier étant utilisé insidieusement comme on le ferait d'un repoussoir. L'argumentation retenue est donc extrêmmement tendancieuse et, à la limite, implicitement malveaillante à l'égard des monothéismes. En fait, il y a là de la malhonnêteté intellectuelle caractérisée...
Il convient donc de retenir ceci : le propre d'une religion c'est avant tout d'offrir des moyens de salut post-mortem. Telle est la définition la plus universelle qu'il convient de retenir. Dans ces conditions, le bouddhisme ne saurait être une simple philosophie et si c'est une pratique, il s'agit bient d'une pratique essentiellement religieuse. Que cela plaise ou non !

A la recherches des motivations sous-jacentes ....

Pourquoi agit-on ainsi ? De toutes les religions asiatiques, le bouddhisme est bien la seule à faire preuve d'un esprit missionnaire, ce qui le rapproche en une certaine manière du christianisme. Le prosélythisme que cela implique nécessite d'éviter de heurter les occidentaux auxquels on s'adresse. Ces derniers étant très souvent en réaction, voir en conflit ouvert avec leur "religion maternelle", il a paru plus judicieux de ne pas les détromper et le genre de mensonge par omission qu'implique cette stratégie est généralement présenté comme licite dans la mesure où l'on a tendance à faire passer cela pour un upaya (ruse divine). Cependant et dans la mesure où il y a tromperie et que cela incite à voir dans le bouddhisme une méthode de développement personnel purement mondaine, ce genre d'erreur doit être énergiquement dénoncé.
Ainsi le bouddhisme est bien une religion, c'est-à-dire une voie de salut dans l'autre monde et il ne saurait y avoir de rattachement au bouddhisme en l'absence de cette prise de refuge consistant en une triple profession de foi en le Dharma (la Loi), le Bouddha (l'Instructeur) et la Sangha ("corps mystique" des saints et des délivrés rappelant l'Eglise en sa partie invisible du christianisme) qui forment, pourrait-on dire, la "sainte trinité" du bouddhisme.
Toutefois, nous ne sommes pas hostiles à priori aux gens qui ne retienne du bouddhisme que les méthodes de méditation. Mais s'ils y ont recours sans avoir pris refuge qu'ils s'abstiennent de se dire "bouddhistes". Ce sont des sympathisants, un point c'est tout.

Les analogies avec le christianisme

Le bouddhisme et sa mentalité présentent un certain nombre d'analogies avec le christianisme. C'est une religion à tendance moraliste et c'est l'une là des raisons de son succès sous nos latitudes n'en déplaisent aux occidentaux. Moraliste, certes le bouddhisme moyen l'est quoique à un plus haut niveau sa perspective soit réellement métaphysique. Le bouddhisme fut, à l'endroit du brahmanisme, en réaction tout comme le christianisme le fut (et l'est encore...) à l'égard du judaïsme des Pharisiens et des Saducéens. A ce propos, il est encore des auteurs traditionnels qui se posent, à l'instar de René Guénon à une certaine époque, la question de savoir si le bouddhisme est bien une religion orthodoxe ou si, au contraire, il ne conviendrait pas d'y voir une déviation inhérente à la mentalité moderne. Au centre de cette problématique il y a le prétendu rejet du système des castes par le bouddhisme.

Le bouddhisme a t-il "aboli" le système des castes ?

Le Bouddha a t-il réellement désiré abolir le système des castes? Une étude attentive prouve qu'il n'en est rien. Cependant, vu que la mentalité moderne est infestée par le "démocratisme", les néo-bouddhistes occidentaux n'ont que trop tendance à projeter leurs fantasmes sur la religion qu'ils ont adoptée. Le plus souvent pour des raisons de convenance personnelle n'ayant rien à voir avec la recherche d'un salut puisqu'il s'agit justement pour eux de s'appuyer sur une simple philosophie de l'existence.
Disons que le bouddhisme peut se passer du système des castes et si le bouddha a polémiqué, le système des castes ne saurait être devenu immoral...

Futilités réincarnationnistes...

Ici survient un autre problème. Le succès du bouddhisme est du au fait qu'on le tient (bien à tort) pour un système admettant la réincarnation. Or, c'est faux...
Voici ce que nous lisons sur le site parlant des idées reçues sur le bouddhisme :
Elle intéresse beaucoup les Occidentaux, qu'ils soient journalistes ou lecteurs. Or, pour les Orientaux de toutes confessions, il s'agit d'une réalité tout à fait indésirable ! Bien que la réincarnation ne soit pas, à proprement parler, un enseignement du Bouddha, il se passera sans doute du temps avant qu'on puisse écrire sur le bouddhisme sans en parler !
Comme c'est étrange, nous n'y avons pas toujours lu un texte aussi vrai, une sorte de miracle (en fait de demi-miracle) s'est produit. Malheureusement, on aimerait connaître la suite, à savoir que l'on nous dise ce que le bouddha a réellement enseigné...
Le bouddhisme n'intéresse la plupart des occidentaux que dans la mesure où il est censé professer une doctrine à base de "réincarnation". Ce qui est faux ! Le bouddhisme parle effectivement de renaissances mais le sens savant que l'on donne à ce terme n'a strictement rien à voir avec le contenu de la "réincarnation" telle qu'elle a pu être envisagée dans le sillage du mouvement occultiste et spécialement par la Société théosophique blavastkyenne.
L'idée qu'un même individu puisse perdurer de naissance en naissance est sans doute bien ancrée, en Asie, dans le psychisme du vulgum pecus mais les conséquences sont inverses comme le rappele le texte cité. Réincarnation ou pas, le phénomène (à savoir la métempsychose) est bien tenu pour indésirable car la perspective dont il s'agit n'est pas mieux considérée que l'enfer chez nous. Du reste, la possibilité d'une renaissance dans un état infernal fait partie de la façon d'entrevoir ce que nous appelons "réincarnation". En d'autres termes, l'obtention deux fois de suite d'un état humain étant considéré comme une chose par trop improbable (se souvenir de l'image de la tortue remontant à la surface des océans et passant sa tête par le trou d'une unique planche trouée que le Bouddha a utilisée pour signifier qu'une naissance humaine est chose très précieuse), ce que nous rangeons sous le concept de "réincarnation" tient lieu, chez les bouddhistes de souche, d'un repoussoir.

Quand un érudit de chez nous montre le plus mauvais exemple...

Malheureusement, ces questions sont loin d'avoir été élucidées de manière satisfaisantes puisque le Dr Schnetzler (très connu dans les milieux bouddhiques francophones) vient de produidre, chez Dervy un livre très contestable puisqu'il établit une équivalence entre la transmigration des grecs anciens et ce que l'on entend ordinairement par "réincarnation".

Un succès du à des idées fausses

En somme, on pourrait tout aussi bien dire que si le bouddhisme est tellement bien noté en Occident et si cette religion provoque une vive sympathie, c'est surtout et d'abord en raison des idées fausses que l'on se fait à son sujet. Son "écologisme" y est pour beaucoup.
Cette religion flatte aussi le goût de ceux qui aiment les animaux plus que les humains. C'en est même au point que la plupart des bouddhistes en arrivent à se préoccuper de la préservation des cafards ou des vers solitaires plutôt que de l'aide qu'il devraient à leurs correligionnaires lorsque ceux-ci sont handicapés ou même atteints de quasi cécité.
Faut-il se plaindre du genre de méprise qui vient d'être dénoncé ? Nous dirons qu'il présente de bons et des mauvais côtés et qu'il importe, de temps à autre, de remettre un peu les pendules à l'heure et c'est présentement un peu ce que nous voulons faire ici.

Querelles d'écoles...

Il reste à préciser que la division du bouddhisme en écoles parfois rivales ("petits" et "grand véhicule", "véhicules de diamant" ou d'autres matières auspicieuses) a bien de quoi décontenancer les occidentaux et nous dirons seulement qu'il conviendrait (pour sortir des impasses où tout ceci peut nous entraîner) de considérer que ce que l'on a coutume d'appeler le bouddhisme originel pourrait bien n'être qu'un bouddhisme passablement dégénéré. Cet appelation trompeuse étant probablement le résultat le plus patent de la myopie de ces "orientalistes" auxquels Guénon avait voué un mépris sans bornes. A juste titre selon nous...

Une régénération possible pour l'occident ?

Faut-il voir dans le succès du bouddhisme en Occident la possibilité d'une véritable régénération ? Nous dirons que c'est une possibilité pour ceux qui ne parviennent pas à surmonter leur allergie à un certain christianisme par trop parodique mais son effet est loin d'être garanti. Il faut quand même savoir que le Dr Schnetzler a menti par omission en reproduisant la fameuse "prophétie" de Padmasambhava, prédiction selon laquelle, aux temps de l'oiseau de fer les tibétains allaient être dispersés au pays de l'Homme rouge car le maître cité avait eu soin d'ajouter ceci qui est capital : et c'est alors que le Dharma s'affadira...
Ceci nous oblige a être réaliste et sans vouloir refaire le procès de ces centres qui ont pêché par excès de mégalomanie immobilière, il faut bien convenir qu'un certain nombre d'illusions sont tombées dont il ne reste plus guère que de grosses traites à honorer.

L'état actuel du néo-bouddhisme occidental

Le néo-bouddhisme occidental est entré maintenant (et en dépit des succès populaire du Dalaï-Lama) dans une phase qu'il faut bien appeler une phase de récession. En fait toutes les religions sont logées à la même enseigne avec toutefois un avantage au crédit du bouddhisme tibétain: si les questions d'appartenance à une école restent déterminantes chez les lamas de souche, les divisions que nous avons en vue laissent quasiment les occidentaux de marbre qui passent de plus en plus aisément des Gélougpas aux Kagyus et de ces derniers chez les Nyingmapas.
Une illustration nous est fournie à ce propos par le peu d'intérêt que l'on manifeste chez nous à l'égard des luttes intestines qui sévissent actuellement à propos des divergences consécutives à l'entrée en lice de deux tulkous du futur Karmapa tant il est vrai que mis à part quelques "dames patronesses" pendues aux basques de leur lama, nul ne songe vraiment à prendre parti.

Quand le Dalaï-Lama menace de brader sa fonction spirituelle...

Puisque nous avons parlé du Dalaï-Lama nous ajouterons quelques mots à ce sujet. Si son charisme est réel et si même il demeure très sympathique à tous ceux qui ne partagent pas sa jobardise (il avour avoir été maoïste...) à l'égard de certaines institutions occidentales (démocratie, culte des "droits de l'homme", dévotion pour l'O.N.U., Unesco et autres fariboles mondialisantes), nous sommes obligé de nous demander s'il a encore conscience de la fonction qu'il est censé avoir incarné lorsqu'il propose de la jouer en cette loterie que l'on appelle "suffrage universel". Mais si comme le croyait marco Pallis cette fonction est étroitement liée au sol même du Tibet, il importerait fort peu que son titulaire la dépose en gage sur les "monts de piété" des temples du modernisme...

Orientation bibliographique

C'est donc un Dharma passablement affadi que nous présentons aux surfeurs d'Internet mais ce Dharma a du moins le mérite d'exister. Il reste à proposer quelques livres, ce qui n'est jamais une tâche facile. Non seulement, ils sont très nombreux mais le problème réside surtout dans le fait que quoique l'on puisse dire, l'essence même du bouddhisme échappe à toute espèce de définition si bien que l'on ne peut réellement connaître cette religion qu'après l'avoir fait sienne.
Les amateurs désireux de s'informer ne doivent pas commencer par lire les livres écrits par des tibétains sur le bouddhisme tibétain. L'éclairage trop psychologisant qui est généralement d'usage risque de tout fausser aussi recommandons nous le livre d'un chrétien, à savoir Comprendre le bouddhisme par Dennis Gira aux Editions Centurion.
Les différents aspects (historiques, doctrinaux, sociologiques) y sont traités dans l'ordre sans cette tendance à privilégier le bouddhisme tibétain. Ce dernier est indubitablement le plus riche en perspectives mais ce serait mettre la charrue avant les boeufs que de vouloir commencer par où il faudrait plutôt finir.
DP

Lire la réfutation de la déclaration du pape Jean-Paul II sur le bouddhisme

Le texte commenté figurant dans l'ouvrage intitulé Entrez dans l'Espérance s'avère des plus tendancieux. Il se rapporte à un bouddhisme dégénéré que l'on tient à tort pour "originel". mais avec la vogue du bouddhisme tibétain, le hiérarque catholique pouvait-il ignorer qu'il existe un autre bouddhisme, lui qui a reçu Kalu Rinpotché, le Dalaï-Lama. Pourquoi ne pas leur avoir tenu les mêmes propos si ce n'est parce que ceux-ci auraient pu être réfutés sur le champ ? On notera encore que le successeur de Pierre ne veut pas qu'il soit dit que le bouddhisme serait une religion, ce n'est qu'un "système". Hèlas, sur ce point ses représentants lui ont largement facilité les choses. Par pure démagogie...